Lettre
ouverte à Philippe Martin,
Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de
l’Energie
A la suite de l’émotion suscitée par le démarrage du forage sur la
plateforme de Jouarre, l’AFP a produit une vidéo largement relayée par de nombreux
media (1).
Pour contrebalancer les propos d’Isabelle Lévy, du Collectif du
Pays Fertois, parlant au nom des citoyens inquiets, insistant sur le fait que
ce forage constitue la “première étape avant d’aller plus loin” si la
loi du 13 juillet 2011, dite “loi Jacob” est invalidée par le Conseil
Constitutionnel, l’AFP fait parler Guillaume Bailly, au nom de la DRIEE.
“Les services de l’Etat veilleront à ce que l’exploitant ne
fasse absolument pas recours à la fracturation hydraulique, nous allons d’ailleurs
renforcer nos contrôles. Puisque le forage de recherche va durer 3 mois, les
services de la DRIEE vont se rendre à trois reprises sur le site dans le cadre
de contrôles programmés voire inopinés pour s’assurer qu’il n’y a pas de
fracturation hydraulique”.
Tels sont les propos tenus par Guillaume Bailly, chef de l’unité
territoriale 77 à la DRIEE, ancien élève de l’Ecole Nationale Supérieure des
Techniques Industrielles et des Mines d’Alès.
Un représentant de la DRIEE peut-il ignorer que la
fracturation hydraulique ne peut avoir lieu tant que la foreuse est en place?
Nous, simples citoyens, engagés
dans la lutte contre l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz de
schiste, nous en saurions plus que les ingénieurs des mines composant la DRIEE
?
Nous, simples citoyens, savons
qu’une exploration complète d’hydrocarbures non conventionnels (pétrole ou gaz
de schiste) se compose de trois phases: un forage vertical, un forage
horizontal, et enfin une fracturation hydraulique.
Nous, simples citoyens, savons que
la société Hess Oil est en train de forer verticalement, comme elle l’avait
prévu en 2010, dans sa déclaration d’ouverture de travaux miniers, pour
procéder à des carottages à l’étage des schistes.
Nous, simples citoyens, sommes
perplexes sur les raisons qui poussent Hess Oil à forer. L’entreprise
pétrolière prétend explorer le sous-sol pour obtenir une cartographie du Bassin
Parisien alors que selon Didier Bonijoly, directeur adjoint des géoressources
au Bureau de Recherches Géologiques et Minières, ce sous-sol et ses ressources
sont déjà connus.
Nous, simples citoyens, savons que
le forage horizontal a été interdit par arrêté préfectoral en avril 2013, à la
suite de la circulaire Batho du 21 septembre 2012.
Nous, simples citoyens, savons que
la troisième phase, (la fracturation hydraulique) est interdite depuis le 13
juillet 2011, à la suite du vote de la loi, dite “loi Jacob”. A ce titre nous
n’avons jamais prétendu que la présence de la foreuse sur la plateforme de
Jouarre supposait qu’une fracturation hydraulique allait avoir lieu dans les
jours à venir.
Nous, simples citoyens, savons
aussi que la loi Jacob est menacée par une QPC et que le Conseil
Constitutionnel doit statuer avant la mi-octobre.
Nous simples citoyens, savons que
si la loi est invalidée, le recours à la fracturation hydraulique par les
pétroliers pourra avoir lieu sans que rien ne s’y oppose.
Nous simples citoyens, savons, par
ailleurs, que la loi Jacob prévoit en son article 4 des “expérimentations [de
fracturation hydraulique] réalisées à seules fins de recherche scientifique
sous contrôle public”. Le Conseil Constitutionnel, s’il décidait de ne pas
invalider la loi, pourrait demander au gouvernement d’appliquer complètement la
loi, à savoir ses articles 2 et 4, prévoyant la mise en place de la commission
chargée de surveiller ces expérimentations de fracturation hydraulique.
Celle-ci pourrait alors être effectuée en toute légalité.
Nous, simples citoyens, savons qu’il n’est pas possible de
procéder à une fracturation hydraulique tant que la foreuse est en place.
Nous, simples citoyens, nous
interrogeons donc sur les objectifs réels de ces contrôles programmés ou
inopinés annoncés par la DRIEE ainsi que sur la nécessité d’annoncer ces
contrôles à l’AFP.
Nous, simples citoyens, conscients
de la situation financière des services de l’Etat, ne souhaitons pas participer
indirectement au gaspillage du budget de la DRIEE qui va pratiquer des
contrôles dont le seul objectif serait de calmer la population en répétant
qu’il n’y a pas eu de fracturation hydraulique.
Monsieur le Ministre, nous vous demandons de rassurer vos
services, si attentifs à nos inquiétudes: il n’y aura aucune fracturation
hydraulique tant que la foreuse sera visible dans les champs, au milieu de la
Brie.
Monsieur le Ministre, si d’aventure, une fois la foreuse démontée,
nous observions la présence de compresseurs, de sable et de produits chimiques
nécessaires à la fracturation hydraulique nous ne manquerions pas d’en informer
vos services qui, nous l’espérons, se rendront rapidement sur les lieux pour
relayer notre veille citoyenne.
Citoyennement votre,
Le Collectif du Pays Fertois
(Jouarre, le 12 août 2013).
Collectifs associés: Boccage Gâtinais (77), Carmen(02),
Causse-Méjean – Gaz-de-Schiste-NON ! (48), Marne-Ourcq-Multien (77), Basta !
Gaz-Alès (30), Isérois-STOP-GHRM-38, Pays-de-Coulommiers (77), Anduze (30),
ile-de-france-non-au-GPDS (77), non-au-Gaz-et-Pétrole-de-Schiste-91,
Garrigue-Vaunage (30), Touche-pas-à-mon-schiste ! (07)
ainsi que le CRI - Nonville (77)
et l’association GAIA - SOS planète en danger
ou http://videos.leparisien.fr/video/0de5b70dfbfs.html
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