par Olivier Petitjean 27 mai
2014
Toutes, ou presque, se déclarent très
sensibles aux préoccupations environnementales. Ce qui n’empêche pas les
banques françaises, Société Générale et BNP Paribas en tête, de soutenir
financièrement les gaz de schiste, une industrie aux impacts néfastes pour les
ressources en eau, les populations locales et le climat. C’est ce que révèle
une étude réalisée par les Amis de la terre Europe, qui détaille les
investissements et prêts dont bénéficient les compagnies pétrolières les plus
actives dans ce secteur. Pourtant, d’autres grandes banques mondiales n’ont pas
hésité à exclure les gaz de schiste de leurs investissements.
La France a pour l’instant fermé la
porte au gaz de schiste sur son territoire. Mais ses entreprises nationales ne
se privent pas d’en faire la promotion, en Europe et ailleurs, et d’y investir
des ressources considérables. C’est le cas, bien sûr, pour les grands
opérateurs gaziers, Total et GDF Suez, et pour les fournisseurs traditionnels
du secteur des hydrocarbures (lire notre enquête
à ce sujet). C’est aussi le cas des banques. Selon une étude réalisée pour
l’association écologiste les Amis de la terre Europe, dont nous avons pu
prendre connaissance en exclusivité, les banques françaises figurent en bonne
place parmi les institutions financières les plus actives dans le financement
du gaz de schiste dans le monde.
La
Société Générale en pointe sur les gaz de schiste
L’étude détaille les différents types
d’investissements et soutiens financiers – prêts, achat d’actions, souscription
d’obligations ou garantie d’émissions d’obligations – dont bénéficient 17
entreprises très actives dans la prospection et l’exploitation de gaz de
schiste, parmi lesquelles les « majors » pétrolières Total, Shell,
Chevron ou l’espagnol Repsol, et des firmes nord-américaines ou polonaises
moins connues. Puis l’étude évalue l’implication de chaque banque ou fonds
d’investissements au sein de ces entreprises. Résultat : la Société
Générale est la banque française la plus présente dans ce secteur. Elle a ainsi
investi en prêts, achat d’actions, ou souscription d’obligations près de 2,4
milliards d’euros depuis 2010. Vient ensuite BNP Paribas, avec près de 2
milliards d’euros, puis le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’épargne),
avec plus d’1,2 milliard d’euros engagés et le Crédit agricole (373 millions
d’euros). L’assureur Axa y est aussi présent pour plus de 100 millions d’euros.
Les banques françaises sont principalement impliquées dans Total (participation
au capital), auprès du groupe pétrolier espagnol Repsol ou du polonais PGNiG. A
titre de comparaison, la plus grosse banque des États-Unis, JP Morgan, soutient
financièrement ces entreprises à hauteur de 5,8 milliards d’euros,
principalement Total, Shell et Chevron.
Au vu du caractère extrêmement
controversé de cette industrie, on aurait pu s’attendre à un peu plus de
prudence. La seule technique d’extraction viable à ce jour est la fracturation
hydraulique, facteur de pollution des nappes phréatiques et d’aggravation des
risques sismiques. Les conséquences de l’extraction des hydrocarbures de
schiste sur la pollution de l’air et le climat sont aussi problématiques :
la fracturation hydraulique occasionne d’importantes émissions de méthane, un
gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2. Et le gaz ou le pétrole
extraits restent, en eux-mêmes, des sources d’énergie fossile, émettrices de
carbone.
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