Etats-Unis: quand le Shale Boom fera pschitt
09 décembre 2014 par Romain Loury
Aux
Etats-Unis, l’industrie du gaz de schiste pourrait voir son
optimisme rapidement douché. Selon une étude de
l’université du Texas, les réserves pourraient s’assécher bien
avant que ne le prédit l’EIA.
«Pour
le gaz naturel, l’EIA [service
de statistiques du département américain à l’énergie] n’a
aucun doute: la production continuera à augmenter sans interruption
jusqu’en 2040»,
prévoyait en 2013 son directeur Adam Sieminski. Le virus de
l’optimisme a contaminé jusqu’à Barack Obama, selon qui les
Etats-Unis «disposent
de réserves de gaz naturel qui peuvent durer environ 100 ans»,
déclarait-il en 2012 dans son discours sur l’état de l’Union.
Pas
si vite, tempère le journaliste américain Mason Inman dans un
article publié par Nature.
Menée par une équipe de géologues, d’ingénieurs pétroliers et
d’économistes de l’université du Texas à Austin, une nouvelle
analyse met sérieusement en doute ces prévisions.
Défaut
majeur des travaux de l’EIA, ils reposent sur une évaluation
géographique très grossière, avec une évaluation des réserves
par comté. Or ceux-ci, dépassant fréquemment les 1.000 km2,
peuvent abriter plusieurs milliers de puits. Les chercheurs texans
ont quant à eux mené un travail plus fin, avec des mailles de
seulement un mile carré (environ 2,5 km2).
«La
résolution est une question importante car tout bassin de gaz de
schiste possède des points riches, ainsi que de larges zones moins
productives. Or les compagnies ciblent d’abord ces ‘sweet spots’,
de telle manière que les futurs puits seront bien moins productifs
que les actuels. Le modèle de l’EIA repose sur l’idée que les
futurs puits seront au moins aussi productifs que ceux du passé dans
un même comté»,
explique Mason Inman.
Une
baisse rapide après 2020
Selon
l’EIA, les quatre principaux bassins américains de gaz de schiste
(Marcellus, Barnett, Fayetteville, Haynesville- devraient voir leur
production augmenter jusqu’en 2020, puis connaître un plateau. Ils
seraient alors relayés par d’autres bassins, ce qui expliquerait
une production américaine en hausse jusqu’en 2040.
Or
pour les chercheurs texans, la production des 4 bassins va certes
augmenter jusqu’en 2020, mais rapidement décroître après cela,
en raison de l’épuisement des points les plus intéressants. Une
fois sortie de leur parenthèse Shale Boom, «les
Etats-Unis vont connaître un réveil difficile»,
estime Tad Patzek, qui dirige le département du pétrole et
d’ingénierie des géosystèmes à l’université du Texas.
Les
prix du gaz repartiront rapidement à la hausse, avec le risque que
le pays se retrouve avec plus de véhicules et d’usines
fonctionnant au gaz qu’il ne peut en alimenter. Ce qui, à terme,
pourrait avoir des effets déplorables sur l’économie américaine.
Avant
même d’avoir connu leur Shale Boom, d’autres pays commencent à
douter de leurs chances. Mi-novembre, le conseil des académies des
sciences européennes (EASAC) mettait
en doute le
potentiel du Vieux continent en la matière. Et plusieurs pays
pourtant bien dotés, dont la Chine, le Mexique et l’Afrique du
Sud, pourraient avoir bien du mal à l’extraire, faute
de ressources suffisantes en eau.
Lien vers article original
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire