La Bulle
financière du Schiste américain explose
par Laurent Horvath - 2000Watts.org (son site) Il y a 2 ans, qui aurait pu imaginer telle débâcle ? Wall Street, la Banque Fédérale Américaine et les banques privées continuaient de déverser des centaines de milliards de dollars dans un secteur qui promettait des gains substantiels. Le Quantitative Easing américain et des taux d’intérêts proche des taux zéros enflaient les égos et les rêves des entreprises de schiste.
Cet enthousiasme aura finalement créé une bulle financière dépassant les 200 milliards $ qui est en train d’imploser sous nos yeux. Le schiste s’écroule tel le jeu de l’avion où les nouveaux investisseurs couvrent les intérêts des anciens et le scénario n’est pas sans rappeler le système Madoff.
La révolution du gaz et pétrole de schiste américain de 2009-2015 a été conduite par des petites et moyennes entreprises qui ont financé leurs croissances avec des emprunts à hauteur de 113 milliards $ en actions et 241 milliards $ en obligations selon Dealogic. Aujourd'hui, elles s'écroulent sous leurs dettes d'autant que peu d'entreprises sont profitables au-dessous de 50$ le baril. Durant la même période les dettes des 60 plus grandes entreprises US (sur un total de 155) ont bondi de 100 milliards à 206 milliards $.
Le système de
Ponzi : L’effet Madoff
Comme dans toutes les bulles spéculatives, beaucoup d’investisseurs sont entrées dans ce business sans en comprendre les mécanismes. Grâce à l’entremise des banquiers, les producteurs ont réussi à lever des sommes astronomiques alors qu’aucun d’entre eux n’aura pu démontrer une quelconque profitabilité.
Comme dans toutes les bulles spéculatives, beaucoup d’investisseurs sont entrées dans ce business sans en comprendre les mécanismes. Grâce à l’entremise des banquiers, les producteurs ont réussi à lever des sommes astronomiques alors qu’aucun d’entre eux n’aura pu démontrer une quelconque profitabilité.
Même en Europe, les grandes institutions
financières comme BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Deutsche Bank
ou l'UBS se sont engouffrés dans la brèche aux côtés des américains JPMorgan,
Citigroup, Wells Fargo ou Bank of America.
Ces grandes institutions bancaires ont
engrangé des honoraires supérieurs à 740 millions $ pour leurs conseils avisés
dans la restructuration des dettes ou les commissions sur la vente de ces
produits à haut rendement tout en prenant le soin de se dégager d’éventuelles
pertes. Mais pour celles qui n’auront pas réussi à écouler à temps leurs prêts
pourris, le réveil est douloureux et les marchés boursiers sanctionnent
lourdement leurs imprudences.
Trop de schiste, tue le pétrole
Paradoxalement, c’est le schiste lui-même qui s’est suicidé. En quelques années, la production pétrolière américaine est passée de 5,1 millions barils/jour (b/j) en 2009 à 9,7 millions b/j. Cette augmentation massive a déstabilisé les marchés qui étaient jusque-là régulé, à bien plaire, par l’Arabie Saoudite. Au lieu de stabiliser sa production aux besoins de l'offre, l’industrie de schiste a du extraire à maxima afin de rembourser les intérêts des emprunts.
Paradoxalement, c’est le schiste lui-même qui s’est suicidé. En quelques années, la production pétrolière américaine est passée de 5,1 millions barils/jour (b/j) en 2009 à 9,7 millions b/j. Cette augmentation massive a déstabilisé les marchés qui étaient jusque-là régulé, à bien plaire, par l’Arabie Saoudite. Au lieu de stabiliser sa production aux besoins de l'offre, l’industrie de schiste a du extraire à maxima afin de rembourser les intérêts des emprunts.
Prises dans ce piège, les faillites se succèdent
et la prochaine échéance bancaire du mois d’avril s’annonce apocalyptique,
d’autant que l’Arabie Saoudite a gentiment demandé aux grandes banques de
liquider leurs actifs de schiste.
La technique de schiste n’est pas morte
Les technologies de schiste développées dans les années 80 et perfectionnées depuis 2010, pourraient revenir sur les devants de la scène quand les prix retourneront de manière stable au-dessus de 70-100$ le baril et à la condition que les règles environnementales et de salubrité publique soient rangées aux oubliettes.
Les technologies de schiste développées dans les années 80 et perfectionnées depuis 2010, pourraient revenir sur les devants de la scène quand les prix retourneront de manière stable au-dessus de 70-100$ le baril et à la condition que les règles environnementales et de salubrité publique soient rangées aux oubliettes.
Les dégâts sur le schiste sont de deux sortes. L’industrie a perdu plus de
100’000 emplois et il n’est pas dit que tout ce beau monde ose retenter
l’expérience quand le cycle repartira. Ainsi, il faudra à nouveau offrir des
salaires et des formations de classe supérieure ce qui renchérira les coûts
d’extraction.
Deuxièmement, les investisseurs n’avaient
pas comptabilisé le facteur risque dans leurs investissements et cette prime se
retrouvera au sommet de la liste à l’avenir. Ainsi, les financements seront
susceptibles d’être plus rares et onéreux même si certains hedge funds tentent
le pari de racheter pour une bouchée de pain les actifs des entreprises en
faillite. Ces fonds privés ont déjà trouvé 57 milliards $ pour ce jeu de
« quitte ou double ». Mais l’impact sur la grande majorité des
investisseurs, qui ont perdu beaucoup d'argent, devrait avoir un effet durable.
D’autant que durant la même période, les retours sur investissements dans les
technologies propres, cleantech, ont augmenté de 11,3%.
Mort et né sous le règne d'Obama
Lors de la crise de 2008, l’immobilier américain avait fait plongé les marchés dans une profonde crise et aujourd’hui les Etats-Unis reviennent avec des investissements tout aussi toxiques dans l’énergie. Bien que les montants soient inférieurs, ils bousculent à nouveau l’économie mondiale ainsi que les institutions financières européennes décidément indomptables, incompétentes et incorrigibles.
Lors de la crise de 2008, l’immobilier américain avait fait plongé les marchés dans une profonde crise et aujourd’hui les Etats-Unis reviennent avec des investissements tout aussi toxiques dans l’énergie. Bien que les montants soient inférieurs, ils bousculent à nouveau l’économie mondiale ainsi que les institutions financières européennes décidément indomptables, incompétentes et incorrigibles.
Le schiste sera né sous Obama et pourrait
s'éteindre en même temps que son règne. Paradoxal, pour un président qui
voulait protéger le climat et l’économie.
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