MARDI
14 OCTOBRE 2014 À 20.40 FRANCE 5
LE MONDE EN FACE
GAZ
DE SCHISTE
LES LOBBIES CONTRE-ATTAQUENT
Documentaire
Enquête
sur le pouvoir et les méthodes des groupes de pression qui œuvrent
en faveur de l'exploitation du gaz de schiste.
En
juillet 2011, la France interdit l’exploitation des gaz de schiste.
Depuis, les lobbyistes de ce secteur n’ont eu de cesse de
convaincre les politiques de faire marche arrière. Ce film retrace
les étapes de leur stratégie auprès des pouvoirs publics et
dénonce leurs méthodes.
C’est un documentaire à charge que signe Michel Tedoldi contre les manipulations des lobbyistes, hommes de main des industriels qui défendent l’exploitation des gaz de schiste en France. En passe de gagner, ils sont de ceux qui, dans l’ombre, jouent des parties sacrifiant la santé publique aux intérêts financiers. Pour comprendre leur pouvoir et les enjeux de cette contre-attaque sans merci, le réalisateur est parti à la rencontre de ces groupes de pression, des hommes et femmes politiques victimes de leurs assauts répétés et de tous ceux qui hurlent au futur scandale sanitaire.
Pour ceux-là, il suffit d’observer ce qui se passe aux Etats-Unis depuis 2005. Plus de cinq cent mille puits y ont été forés, permettant de diviser le prix du gaz par quatre. Mais les conséquences sur l’environnement et la santé sont désastreuses : pollution des nappes phréatiques et du sol, bétail et agriculteurs gravement malades. En cause, la technique de fracturation hydraulique de la roche située à très grande profondeur, qui permet d’extraire les gaz de schiste : des milliers de mètres cubes d’eau sont injectés à forte pression avec des dizaines de tonnes de produits chimiques. « Ce qui remonte de la surface, c’est de la cochonnerie, explique Jacques Thibieroz, géologue à l’université Pierre-et-Marie-Curie, des métaux lourds en solution, des hydrocarbures parmi lesquels des molécules cancérigènes, de la radioactivité. »
Leur but : convaincre à tout prix
Mais les lobbyistes n’hésitent pas à noyauter les organes du pouvoir et s’appuient sur des hauts fonctionnaires pour faire passer leurs idées. A Paris, comme dans les plus hautes instances européennes, ils agissent en nombre, intensifient leur action et remportent des victoires. Ainsi, le commissaire européen à l’Environnement Janez Potocnik, qui soutenait la lutte contre l’exploitation, finit par échouer en 2012 face à la pression des pays pro-gaz de schiste soutenus par José Manuel Barroso, le président de la Commission lui-même : celle-ci n’adopte finalement que des recommandations et laisse le champ libre aux industriels, qui ne sont désormais plus obligés de faire des études d’impact avant forage. Lors de ce vote crucial, la France s’est abstenue… « Ça veut dire qu’elle a cédé aux lobbies de Gaz de France, de Total et des autres, résume la députée européenne Corinne Lepage. C’est une position schizophrénique et parfaitement hypocrite. »
En
France, le sous-sol regorgerait également de cette manne et les
industriels du secteur, comme Total et GDF, réclament des
autorisations de forage pour permettre de quantifier les réserves de
gaz. Mais, après l’annonce par François Hollande, le 14 septembre
2012, du refus des demandes de permis, ils déclenchent l’offensive
et affûtent leurs arguments. « Le fait de dire “Je refuse
d’expérimenter”, s’indigne Jean-Louis Beffa, ancien PDG de
Saint-Gobain, ça ressemble à l’attitude de l’Eglise catholique
qui interdisait de penser à Galilée ! » Ils mettent en
avant la création de milliers d’emplois, l’accès à
l’indépendance énergétique et vont jusqu’à pratiquer le green
washing. « Il y a eu toute une campagne sur cette idée
qu’il y aurait une exploitation propre des gaz de schiste, se
révolte Delphine Batho, l’ex-ministre de l’Ecologie, qui dit
avoir fait les frais du lobbying pro-gaz de schiste. Un pipeau
total ! » Ainsi, une société américaine, Ecorpstim,
arrive à convaincre le ministre du Redressement productif Arnaud
Montebourg de l’efficacité d’un nouveau procédé écologique,
qui fracturerait la roche avec un propane non inflammable. Pour
Jacques Thibieroz, « c’est une molécule qui a trois mille
fois plus d’impact en équivalent CO2 sur l’effet de serre, qui
coûte très cher et qui n’a pour l’instant jamais été
utilisée ».
Anne-Laure
Fournier
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