Les anti-gaz de schiste ne relâchent pas la pression
Jeudi 4 juin, Essonne
Nature Environnement (ENE) organisait une réunion publique sur le sujet de
l’exploitation du pétrole en Essonne. Invitée, la société Vermilion
propriétaire de concessions de pétrole dans le département a débattu de ses
projets avec les membres du collectif anti-gaz de schiste 91 présents en nombre
dans la salle, le tout dans un climat tendu.
«
Du pétrole ou du gaz en Essonne ? À quelles conditions ? ». C’est la question que
posait la fédération Essonne Nature Environnement (ENE) ce jeudi 4 juin, dans
le cadre d’une réunion publique. Un sujet qui s’immisce dans l’actualité du
département comme le confirmait son président Jean-Pierre Moulin. « Notre
but est de débattre sur des sujets qui nous concernent tous, comme notamment
les nuisances aériennes ou encore le sujet des nouvelles intercommunalités.
Aujourd’hui, il nous paraissait intéressant de traiter de la question large du
pétrole et de faire participer l’ensemble des sensibilités sur ce dossier »,
expliquait ce dernier en ouverture.
Un
sujet plus que jamais dans l’actualité essonnienne puisque que l’une des
demandes du groupe canadien d’hydrocarbures Vermilion est au cœur d’une enquête
publique qui se tient actuellement. Cette dernière concerne la demande
d’autorisation d’ouverture de travaux d’exploitation de mines d’hydrocarbures
liquides dans le sud-est de l’Essonne et la création de nouveaux puits autour
de Leudeville et de Vert-le-Grand.
Pour
cette conférence, la fédération qui réunit 53 associations de défense de
l’environnement avait donc convié un représentant des services de la Direction
régionale et interrégionale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), un
géologue ou encore des représentants de la société Vermilion, dont le directeur
de l’unité française, Darcy Kerwin.
Autres
invités – indirects cette fois-ci –, les « anti-gaz de schiste ». Présents en nombre
dans les locaux de l’ENE basés à Epinay-sur-Orge, ces derniers ont ainsi pu
obtenir quelques réponses sur le sujet glissant d’une possible exploitation du
gaz de schiste en Essonne. Outre l’obtention de réponses, les membres du
collectif souhaitaient faire passer un message clair aux responsables de
Vermilion.
Pas
de forages avant 2016 ?
Et
les inquiétudes des membres du collectif anti-gaz de schiste 91 sont grandes,
notamment suite à la rupture d’une canalisation survenue le 24 mai dernier
dans le secteur de Leudeville. À ce sujet Vermilion et la DRIEE avancent que
l’incident a été confiné et que « des analyses ont été faites » sur des
échantillons de la terre exposée lors de cette fuite. Toutefois, cela ne
rassure pas pour autant les anti-gaz de schiste qui s’inquiètent également «
d’un manque de contrôle des puits et infrastructures », expliquent certains
d’entre eux. « Il y a constamment des inspections qui sont réalisées, indique
Laurent Olivé chef de l’unité territoriale de l’Essonne de la DRIEE. Chaque
site est contrôlé tous les quatre ans par les quatre inspecteurs de la DRIEE
que compte l’Île-de-France ». Malgré tout, le nombre d’agents et la
fréquence de contrôle ne réconfortent pas certains membres du collectif. «
On dirait que vous n’avez pas bien évalué la dangerosité de ces sites pour
l’environnement », insiste l’un d’entre eux.
Afin
de rénover l’ensemble de son patrimoine en Essonne et en Seine-et-Marne, la
société Vermilion dispose ainsi d’un budget s’élevant à plusieurs millions
d’euros. Au total, 35 millions seront investis sur toute l’année 2015
pour rénover et entamer différents forages. Seulement, l’entreprise qui produit
1 700 barils par jour en Essonne ne prévoit pas de se servir de ce budget pour
entamer les forages dans le département cette année. « Nous allons forer
quatre puits en Seine-et-Marne cette année, mais aucun en Essonne pour 2015,
avance Darcy Kerwin. Si l’Etat nous donne l’autorisation de forer les
nouveaux puits cette année (Ndlr : qui fait actuellement l’objet d’une enquête
publique), nous ne commencerons les travaux qu’en 2016, pas avant. Il s’agira
de percer 1 à 3 puits ».
«
Nous respectons les lois »
«
Des forages dans quel but ? », s’interroge une partie des gens présents à
cette conférence. « Prolonger la durée de vie des concessions existantes,
note Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques de Vermilion. Dans
ce cadre, il fallait de nouveaux forages pour pérenniser l’activité du pétrole
conventionnel, les derniers remontant à 20 ans ».
Exit
donc la question de l’exploitation du gaz de schiste, dont la capacité totale
est estimée « à 5 téra m3 dans les sous-sols du Bassin Parisien » par le
géologue Bruno Vrielynck ? À ce sujet, Vermilion assure que le forage d’huile
de schiste et notamment la fracturation hydraulique – moyen d’atteindre ces gaz
– n’est pas d’actualité. « Nous respectons les lois et les règles en vigueur
en France », souligne Jean-Pascal Simard.
Pas
de fracturation hydraulique donc, mais cela pourrait évoluer, c’est en tout cas
ce que craignent les anti-gaz de schiste. Car la société Vermilion utilise déjà
cette pratique au Canada, sur les terres de la province d’Alberta. Une région
dans laquelle la fracturation hydraulique est autorisée. « On a l’impression
que vous préparez le terrain en vue d’un changement de législation sur ce point
! Si vous ne voulez pas la mettre en œuvre aujourd’hui, pourquoi est-ce que
vous ne l’inscrivez pas dans le marbre ? », tonne Philippe Pascot, membre
du collectif. Réaffirmant qu’elle « respecte les règles en vigueur »,
l’entreprise canadienne avance aussi un coût financier important pour procéder
à de la fracturation qui entraînerait certainement un « manque de
rentabilité ».
Bref,
les heures défilent et les débats s’éternisent sur ces sujets, le tout dans un
climat de plus en plus tendu. Durant cette conférence, chaque « camp »
aura pu s’exprimer sans pour autant convaincre. Mais d’autres rendez-vous comme
celui-ci interviendront dans les prochains jours dans le cadre de l’enquête
publique.
Une nouvelle réunion d’informations et d’échanges sera organisée le
jeudi 11 juin de 20h30 à 22h30 dans la salle communale de la mairie de
Leudeville.
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