Il y a huit ans,
sous la pression de ses actionnaires, la société avait promis de cesser de
financer le déni du changement climatique. Mais les preuves financières et
fiscales révèlent une histoire bien différente. ExxonMobil a fait don de plus
de 2,3 Millions de $ (2,1 Millions d’Euros) aux membres du Congrès et à un
groupe de lobbying des entreprises qui nient le changement climatique et
bloquent les efforts pour lutter contre le changement climatique. Ceci huit ans
après avoir promis d’arrêter de financer de déni du changement climatique.
C’est ce que rapporte le journal britannique The Guardian.
Le pipeline de dollars alimente les conservateurs
climato-sceptiques
et leur discours.
Le pipeline de dollars alimente les conservateurs
climatosceptiques et leur discours.
Le déni du
changement climatique – de la part des Républicains au Congrès et des groupes
de pression effectuant leur lobbying au niveau de l’État – est considéré au
États-Unis comme un obstacle majeur aux efforts mondiaux pour lutter contre le
changement climatique. Ils condamnent la possibilité d’établir des règlements
fédéraux et d’État visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la
possibilité de planifier un avenir qui connaitra une forte élévation du niveau
de la mer et des conditions météorologiques extrêmes.
Selon un décompte fait par Greenpeace,
c’est environ 30 millions de dollars (27,5 M d’Euros)
qu’Exxon à injecté pour financer les chercheurs et les groupes militants
faisant la promotion de la désinformation sur le réchauffement climatique. En
réponse à la pression d’actionnaires, en 2007 la compagnie pétrolière a promis
de stopper un tel financement.
« En
2008, nous cesserons nos contributions financières à plusieurs groupes
d’intérêt public dont la position sur le changement climatique pourrait
détourner l’attention de l’important débat sur la façon dont le monde va
sécuriser l’énergie nécessaire à la croissance économique d’une manière
respectueuse de l’environnement», déclarait Exxon dans son rapport de 2007.
Mais depuis
2007, selon l’information financières et fiscale disponible, la compagnie
pétrolière a versé 1,87 Millions de $ aux Républicains du Congrès, lesquels
nient l’existence du changement climatique, ainsi qu’un montant supplémentaire
de $ 454 000 à la l’American Legislative Exchange Council (Alec), une
association regroupant élus conservateurs et représentants du secteur privé
particulièrement active dans la défense des intérêts des compagnies avec une
vision très libérale des échanges et un marché dérégulé.
Dans une
déclaration au Guardian cette semaine, Richard Keil le porte-parole d’Exxon
réitérait: « ExxonMobil ne finance pas le « déni climatique »« .
Le changement climatique « un canular », les émissions de
carbone
« un élixir de vie ».
L’ALEC, ce
groupe de pression ultra-conservateur, a accueilli des séminaires faisant la
promotion de l’idée (discréditée depuis longtemps) que l’augmentation des
émissions de dioxyde de carbone est un « élixir de vie »
(sic !). L’ALEC est également instigatrice d’une loi interdisant aux planificateurs de l’Etat de Caroline du Nord de
considérer l’élévation future du niveau de la mer…
En somme, le
soutien d’Exxon aux membres du Congrès et aux groupes de pression qui nient le
changement climatique est en parfaite contradiction avec la position publique
de la compagnie qui se dit déterminée à agir contre la menace posée par le
réchauffement climatique.
Selon le Center for American Progress (think tank
progressiste), une majorité de
républicains à la Chambre des représentants et au Sénat nie le changement
climatique ou s’oppose aux proposions de mesures pour lutter contre le
changement climatique. Les bénéficiaires d’Exxon au Congrès incluent par
exemple le sénateur de l’Oklahoma Jim Inhofe, qui qualifie le réchauffement
climatique de canular, et qui a reçu $ 20.500 depuis 2007, selon la base de données « Dirty Energy
Money » (Argent sale de l’énergie) alimentée
par Oil Change International. Moins efficace, Exxon a financé le sénateur du
Missipi Roger Wicker, qui fut le seul à rejeter une déclaration votée au Sénat
affirmant que le changement climatique était bien réel et non pas un
canular : La résolution a été adoptée à 98 contre 1. Wicker, qui a reçu $
14 000 d’Exxon est en effet celui qui a voté non.
Distribution générale de billets de 100 dollars par
paquets de 50.
Exxon a
également donné un total de $ 868 150 aux les sénateurs républicains lesquels
ont voté contre une autre résolution symbolique affirmant que l’activité
humaine était un moteur important du changement climatique. Chacun des 49
sénateurs républicains qui ont voté « non » a reçu au moins $ 5000 de
la part d’Exxon, selon les chiffres d’Oil Change.
Fondateur du
« Centre pour l’étude du dioxyde de carbone et le changement
global », Craig Idso déclarait lors d’une réunion devant 100
parlementaires que « l’augmentation continue du dioxyde de carbone dans
l’atmosphère devrait être accueillie à bras ouverts ». Si de telles
fariboles sont pourtant rejetées dans leur intégralité par la communauté
scientifique, l’ALEC considère que « tous les points de vue sont les
bienvenus et qu’aujourd’hui, les élus en charge de l’établissement des
réglementations veulent apprendre d’autant de points de vue que possible afin
de prendre la meilleure décision possible pour les gens qu’ils représentent ».
Certaines compagnie finissent par se désolidariser.
Championne du
lobbying climatosceptique, l’ALEC a pourtant fini par subir une série de
défections liées à sa prise de position sur le changement climatique au cours
de la dernière année : des sociétés comme News Corp du magnat Rupert
Murdoch, BP America, Microsoft, Facebook et Yahoo ont renoncé à leur statut de
membres. Google se désolidarisant également
accuse le groupe de lobbying de mentir
sur le changement climatique.
Quant à Exxon,
interrogée par le Guardian, elle n’est pas prête à discuter de son
appartenance à l’ALEC. Toutefois, la société déclare être sérieuse par rapport
au changement climatique et ne pas financer le déni climatique. Dans un
courriel, M. Keil, le porte-parole d’Exxon, poursuit : « Nous
prenons des mesures en réduisant les émissions de gaz à effet de serre dans nos
opérations, en aidant les consommateurs à réduire leurs émissions, et en
soutenant les grandes universités américaines en augmentant la capacité de
recherche à la fois concernant la réduction des émissions mais aussi sur les
sources d’énergie alternatives ». M. Keil n’a toutefois pas voulu répondre
aux questions précises concernant le soutien financier d’Exxon aux membres du
Congrès qui nient le changement climatique, son soutien à l’ALEC ni au
financement du séminaire dans lequel Craig Idso faisait ses stupéfiantes
déclarations sur les bénéfices supposés de l’augmentation des émissions de
carbone.
Et pour
conclure, le porte parole d’Exxon de déclarer : « Parce que
le Guardian a abandonné le journalisme objectif et a un agenda clair en
ce qui concerne le changement climatique, on ne peut plus lui faire confiance
pour faire le travail que ses lecteurs ont le droit d’attendre, celui de
fournir une couverture exacte et impartiale sur ce sujet important ».
Le financement
du discours niant le changement climatique par les compagnies du secteur énergétique
est considéré comme un obstacle majeur à l’action des États-Unis sur le
changement climatique – et divise les États-Unis et l’Europe dans la lutte
contre le réchauffement climatique.
Lien vers la source "The Guardian"
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