Info sur les derniers permis autorisés
En prélude à la COP21, la France autorise... de nouveaux forages pétroliers
Le Monde.fr | 02.10.2015 à 12h00 • Mis à jour le 02.10.2015 à 14h42 | Par Pierre Le Hir
La plate-forme d'exploration pétrolière de Hess Oil
France à Chartronges, en Seine-et-Marne. Angela Bolis
|
A quelques semaines de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat
(COP 21) à Paris, le gouvernement multiplie les signaux pour
le moins contradictoires avec la volonté d’« exemplarité »
affichée par la France.
Mercredi 30 septembre, le projet de
loi de finances
de 2016 entérinait une baisse du budget du ministère de l’écologie, en même
temps que de l’aide au
développement. La veille, le
Journal officiel publiait cinq arrêtés qui, cosignés le 21
septembre par les ministres de l’écologie, Ségolène Royal, et de l’économie,
Emmanuel Macron, accordent trois permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures
liquides ou gazeux et en prolongent deux autres.
Les trois premiers permis, dits de Champfolie
(Seine-et-Marne), Herbsheim (Bas-Rhin) et Estheria (Marne), sont respectivement
octroyés aux sociétés
Vermilion, Bluebach Ressources et Lundin International.
Les deux prolongations, dites de Bleue Lorraine
(Moselle) et de Juan de Nova (Terres australes et antarctiques françaises),
sont au bénéfice de groupements formés, l’un par European Gas et Heritage
Petroleum, l’autre par South Atlantic Petroleum et Marex Petroleum.
Hydrocarbures conventionnels
Sur le papier, il s’agit de la recherche de pétrole et de gaz conventionnels. A l’exclusion, donc, des huiles et gaz de
schiste, dont la seule technique d’extraction aujourd’hui
disponible, la fracturation hydraulique, a été bannie en France par la loi du 13 juillet 2011, en raison de ses dangers pour l’environnement.
La filiale française du groupe canadien Vermilion assure ainsi, dans les
documents transmis au ministère de l’écologie, qu’elle « n’aura pas
recours à la fracturation hydraulique ».
Ségolène Royal, qui, en octobre 2014, avait mis son
veto à des forages dans le parc naturel régional du Luberon, a du reste
réaffirmé à plusieurs reprises que « les gaz de schiste ne sont plus
d’actualité » et qu’« il n’y aura pas d’investigation sur
le gaz de schiste ».
Les anti-gaz de schiste n’en suspectent pas moins les
pétroliers de se « positionner dans la perspective d’une révision
future de la loi française ». Certaines de leurs demandes avaient été
déposées avant l’interdiction de la fracturation hydraulique et visaient donc
l’ensemble des hydrocarbures, conventionnels ou non.
Discours sans lendemain
En tout état de cause, une vingtaine d’ONG, d’associations et de collectifs (dont
350.org, Agir
pour l’environnement, les Amis de la Terre, Attac, la Confédération paysanne,
la FSU ou le Réseau Action-Climat) demande « que le gouvernement annule
les permis qu’il vient de délivrer
et mette fin à la prospection pétrolière, gazière et charbonnière sur le
territoire. Pour que les discours sur l’urgence climatique ne restent plus sans
lendemain ».
Maxime Combes, du mouvement altermondialiste Attac,
rappelle qu’en juillet, le président François
Hollande lui-même, dans son allocution d’ouverture du Sommet des consciences pour le
climat, avait déclaré : « Un accord pour le climat signifie renoncer
à utiliser
80 % des ressources d’énergie fossiles facilement accessibles dont nous
disposons encore. »
« Que valent donc les promesses de François
Hollande et des négociateurs d’obtenir un “accord historique”
à Paris et de “tout faire” pour rester
en deçà des 2 °C [de réchauffement], si c’est pour entretenir cette fuite en avant extractiviste ?",
questionnent aujourd’hui les associations.
Derniers permis
Interrogée par Le Monde, Mme Royal
fait valoir
que les permis délivrés concernent « des zones où il y a déjà des
forages », si bien qu’ils n’ont pas d’impact sur de nouveaux
territoires, et que, dans le même temps, « quatre autres permis ont été
refusés ». La décision a fait l’objet d’un « arbitrage
interministériel au niveau de Matignon », précise-t-elle : « Bercy
voulait donner
tous les permis, j’ai obtenu d’en bloquer
quatre. »
« Sauf erreur de ma part,
ajoute la ministre, c’est la première fois que des demandes sont rejetées.
C’est une avancée et une première étape ». Et d’annoncer : « Sous
réserve d’un inventaire complet, je pense que ce sont les derniers permis qui
seront accordés. » Dont acte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire