Mirage économique des gaz et huile(pétrole)de schiste


Shell déçoit les marchés en révisant fortement ses prévisions de profits
Cette contre-performance s'explique par des pertes dans le gaz de schiste et des travaux de maintenance.
 Shell devrait engager un important programme de cessions d'actifs. 
Deux semaines à peine après son arrivée à la tête de Royal Dutch Shell, Ben van Beurden a frappé fort. Il a annoncé que les résultats du quatrième trimestre - et donc de l'année 2013 - n'atteindraient pas le niveau attendu, et de loin : le bénéfice net s'élèvera à 2,9 milliards de dollars (hors effets de stocks et éléments exceptionnels), alors que les analystes tablaient plutôt sur 4 milliards. Sur l'année, il atteindra 19,5 milliards de dollars, accusant une baisse de 23 % par rapport à 2012. Et le recul est encore plus spectaculaire (- 38 %) si l'on tient compte des provisions pour dépréciations, qui ont atteint 2,7 milliards. Une douche froide pour les marchés, alors que les avertissements sur résultat sont rares dans le secteur pétrolier, et que la major anglo-néerlandaise n'en avait pas fait depuis dix ans. Le titre a chuté de 4 % vendredi à l'ouverture, avant de se reprendre dans la journée.
Cette contre-performance s'explique par toute une série d'éléments, indépendants les uns des autres. Des travaux de maintenance, en mer du Nord ou dans le golfe du Mexique, ont affecté la production. De même que les vols de pétrole au Nigeria, qui se sont poursuivis. En outre, l'activité au Etats-Unis est restée déficitaire, le groupe ayant investi dans des gisements de gaz de schiste devenus non rentables avec la baisse du prix du gaz outre-Atlantique. Enfin, Shell a été affecté par la baisse du dollar australien et la faiblesse des marges de raffinage, ainsi que par la hausse de ses dépenses d'exploration. « Il n'est pas exclu que Ben van Beurden ait également souhaité faire un peu de nettoyage à son arrivée », note un analyste. 
Rentabilité à améliorer
Ces revers surviennent alors que les majors pétrolières ont massivement accru leurs dépenses d'exploration-production ces dernières années, sans pour autant voir ni leurs réserves ni leur production progresser réellement. Les investisseurs commencent à réclamer une meilleure discipline et une amélioration de la rentabilité, et Shell n'échappe pas à la pression. « Les investissements du groupe ont atteint 30 milliards de dollars en 2012 et 45 milliards en 2013, et devraient encore s'élever à 35 milliards par an sur les deux prochaines années », rappelle Anne Pumir, analyste chez Natixis. Compte tenu du niveau de cash-flow attendu, les analystes tablent désormais sur un programme de cession d'actifs de 15 milliards de dollars sur les deux prochaines années. Certains ont déjà été officiellement mis en vente : certains gisements nigérians ou de gaz de schiste américain. D'autres font l'objet de spéculations, tels que les actifs en mer du Nord ou dans le raffinage. Valorisée jusqu'à 7,4 milliards de dollars, la participation de 23 % que détient Shell dans le pétrolier australien Woodside est, elle aussi, régulièrement citée. Shell a aussi renoncé à un gros projet de carburant GTL (« gas to liquid ») de 20 milliards de dollars en Louisiane.







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